L'Affaire Noadkoko

     Remontons un peu le temps, direction l'été 2016. La hype en vue des prochains opus Soleil et Lune atteint son paroxysme et les fans bouillonnent à l'idée d'avoir en main ces jeux aux mille promesses et... Ouais, en fait non. Car si d'un côté, toute une ligue de farouches supporters de la franchise s'impatientent de débouler day one au Micromania le plus proche, d'autres n'ont rien de mieux à faire que de critiquer et cracher sur la nouvelle génération (comme ils ont sûrement dû le faire pour les précédentes, cela dit !). Ces mêmes fans de la première heure qui achèteront quand même le jeu et qui après coup le trouveront pas si mal. Ces mêmes fans, ne jurant que par la 4G (ou la première) et devenant hystériques à toute critique adressée à leurs Graal.

Mais... passons ! Ils peuvent bien critiquer, non ? Pokémon c'était mieux avant blablabla, si ça leur chante après tout. Cependant, cela ne fonctionne plus vraiment lorsque ces mêmes fanatiques (je pense par exemple à ceux de la première génération, au hasard) viennent à cracher sur des concepts établis depuis, justement, les débuts de la licence. Explications. On remonte donc jusqu'au premier août 2016, les formes d'Alola sont annoncées, en même temps que les capacités Z et une poignée de nouvelles bestioles de poche. La météo annonce des larmes, de joie ou de tristesse, ça dépend pour qui. Les critiques et les soulagements, avec un peu de hype, se bousculent dans les commentaires du trailer. S'il est tout à fait acceptable de renier et de trouver inadmissible des Goupix et Feunard de type Glace, ça l'est totalement moins pour le Noadkoko régional, qui a gagné un type Dragon bien sympa et un (beaucoup) plus grand cou.


Ainsi commence l'affaire Noadkoko.
(Oui, le Pokémon victime des pires tortures sous forme de memes depuis l'annonce des formes d'Alola)

Ah bah oui ! Je suis bien évidemment partisan du fait que chacun a ses goûts, mais les exposer en les accompagnant d'arguments plus débiles les uns que les autres, eh bien ça passe moins. Des arguments du genre « omg mais Game Freak fait vraiment de la merde, ils ont tellement plus aucune idée pour renouveler la série qu'ils défigurent des Pokémon emblématiques de la première génération ! mais où va le monde, nique ta **** Game Freak ! », en somme. On peut très facilement citer les multiples déceptions en même temps, mais sont-elles justifiées ? Eh bien, non. Ces très chers internautes ne le savaient peut-être pas mais le design proposé pour notre super Noadkoko d'Alola était très certainement le design original du cocotier de Kanto. Pour vous en donner la preuve, je vous redirige vers le topic de mon collègue sur le sujet.

Vous pouvez sans aucun mal voir une illustration de 1997 utilisée pour l'extension Jungle du jeu de cartes Pokémon. On y voit un Noadkoko au cou sur-développé, sur lequel s'agrippe un Férosinge. L'extension date d'à peine un an suite à la sortie des versions Rouge et Verte, montrant bien que le design du Pokémon tropical n'était toujours pas fixé. « Oui d'accord mais pourquoi est-ce le Noadkoko qu'on connait qui est apparu dans Rouge, Verte puis même Bleue ? » Cela me semble assez évident : à cause de la restriction de taille des sprites. 56x56 pixels n'était pas la taille idéale pour faire entrer dans un même espace la tête, le long cou et le corps du Pokémon, ce qui a forcé les développeurs à réduire considérablement la taille du bestiau. Cette hypothèse est à prendre avec des pincettes étant donné qu'on a eu à faire à de grands Pokémon comme Léviator ou Onix, mais sûrement qu'aucun rendu n'était assez bon pour satisfaire l'équipe de développement du jeu.

En bref, ce n'est pas vraiment légitime de ne pas apprécier ce Pokémon en prétendant que cela sali son design de base alors que le concept était là depuis presque deux décennies avant sa révélation. « Et son type Dragon en plus, il sort d'où ?! » Bonne question. Justement, l'explication que je vais vous offrir vous réconfortera sûrement dans l'idée que cette seconde forme est légitime. En réalité, tout porte à croire que l'espèce de Noadkoko serait basée sur une certaine plante arborescente : le dragonnier, une plante subtropicale arborescente. Je vous laisse tout d'abord jeter un coup d'œil à cette image :



Portons tout d'abord notre attention aux deux dragonniers ici présents. Celui à gauche est un dragonnier commun, d'une taille pas si étonnant pour son espèce : il s'agit du dracaena draco, l'espèce qui selon moi a été celle gardée pour le Noadkoko de Kanto. Puis à droite, un dragonnier provenant de Lanai (l'une des principales îles de l'archipel d'Hawaï, rien que ça), d'une taille bien plus impressionnante. Mmh tiens, je me demande bien quel archipel a pu inspirer Alola ? Ah oui, Hawaï. Vous pensez toujours que ce design a été fait sur un coup de tête, lors d'une fiesta arrosée dans les locaux de Game Freak ? Pour revenir à son type Dragon, tout est dans le nom : dragonnier. On lui doit ce nom grâce à la résine rouge qui s'écoule lorsque que l'arbre est incisé, résine nommée « sang-dragon ».

Rien de plus élémentaire pour le coup ! En espérant que ce petit cours de début de mois de Juillet sur le Pokémon tropical vous aura remis les idées en place (si vous étiez déçus par le Pokémon) ou tout simplement réconforté dans votre amour pour ce super cocotier.




Pour conclure, une petite anecdote à part sur Nœunœuf... Pour ceux qui ne le savent pas, ce ne sont pas des œufs mais bel et bien des graines. La description du Pokédex de Rouge et Bleu précise par exemple qu'il est souvent confondu avec des œufs. Et celle de Pokémon Stadium est on ne peut plus claire sur la question : "Un Pokémon semblable aux graines d'un arbre. Si vous poursuivez l'une d'elles, d'autres s'y colleront sans que vous le remarquiez."

Sources : Bulbapedia, site officiel de Pokémon, SIZZLE (+ aide pertinente de Statix).

0 avis :

Enregistrer un commentaire